Jacques Darriulat

 

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QU'EST-CE QUE LE NEOREALISME ?

1- Le néoréalisme italien

2- Le néoréalisme dans le monde

3- Le destin du couple

4- Personnages en quête d'auteur

5- Commediante...

6- Le cinéma dans le cinéma

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QU'EST-CE QUE LE NEOREALISME ?
 
REFLEXIONS SUR LE CINEMA

 (1945-1960)

 

PRESENTATION

            Il s'agit d'interroger en philosophe, plus qu'en historien du cinéma, cette période d'après-guerre qu'on nomme « le cinéma néoréaliste ». Nous l'envisagerons en un sens large, à l'inverse d'une définition stricte qui se limite à moins de dix années pour une petite dizaine de films. Pour reprendre les grandes catégories définies par Deleuze, nous considérons le cinéma néoréaliste comme le moment charnière qui articule l'image-mouvement à l'image-temps, la crise d'un cinéma d'action, qui accordait au récit la première place, et la naissance d'un cinéma de réflexion, qui prend le temps de suspendre le récit, de se souvenir et de méditer. En ce sens, penser le cinéma néoréaliste, c'est penser l'origine et le fondement de notre contemporanéité.
            Les six textes qui composent ce dossier ont été rédigés pour un cycle de conférences prononcées dans le cadre des « Mardis de la Philosophie  ». Pour les lire, on se reportera aux liens qui figurent dans la marge gauche de cette page. Ces conférences s'acquittaient d'un programme présenté à l'avance, programme que je n'ai peut-être pas suivi à la lettre mais qui donne cependant une idée de l'ensemble. Le voici :

 

Les années « néoréalistes »
Réflexions sur le cinéma (1945-1960)

            Dès 1945, au terme de ce qu’on a parfois nommé « la guerre de trente ans », après qu’aient disparu les dieux vivants que les peuples s’étaient donnés pour guides, un grand vide se fait sur la scène du monde. L’histoire est en attente d’un avenir. Le cinéma, qui sait rendre sensible la tension de la durée et ouvrir l’amplitude de l’espace, est le témoin privilégié de ce suspens. En cette période de croissance et de reconstruction, les stars de l’écran semblent curieusement touchées par le spleen. Noires sur blanc, de fragiles silhouettes, qui nous ressemblent, passent sur l’écran, entre cris et chuchotements, et se dissipent avec le mot « FIN ».

            Le néoréalisme italien
            De la détresse du Voleur de bicyclettes à la dérision du Pigeon, puis à l’humour grinçant du Fanfaron, le néoréalisme italien, commediante- tragediante, dresse le portrait désenchanté d’une société sans repères.

            Le néoréalisme dans le monde
            Si l’Italie donne le ton, le « néoréalisme » se répand en Europe et jusqu’en Asie. Nous évoquerons quelques variations dans ce style, de Bergman à Mizoguchi et d’Ozu à Satyajit Ray. Les USA semblent plus indifférents, même s’il n’est pas impossible de déceler dans certains thrillers un accent néoréaliste.

            Le destin du couple
            Il semblerait, en premier lieu, que les difficultés matérielles de l’immédiate après guerre fragilisent le lien amoureux (Un tramway nommé désir) ; mais le mal est plus profond, et la prospérité revenant, les amants errent toujours dans la nuit (Hiroshima mon amour) et s’effleurent sans réussir à s’étreindre (L’Avventura).
           
            Personnages en quête d’auteur
            A l’image du chevalier qui prolonge son sursis en jouant aux échecs avec la Mort (Le Septième sceau), les survivants de l’après-guerre, déroutés, cherchent leur chemin. En nous rendant attentifs à l’écoulement du Temps, le cinéma nous révèle aussi son silence (Bergman).

            Le cinéma d’évasion, entre comédie et aventure
            Refoulant les années crépusculaires de la guerre, le cinéma s’enivre de paix et de liberté.  Le western, qu’aucune culpabilité ne vient encore troubler, se lance au galop et en technicolor sur la grande prairie. La comédie ironise avec tendresse les imbroglios amoureux qui font désormais toute la saveur de la vie.

            Le cinéma dans le cinéma
            Dans la magie des salles obscures, le spectateur s’abandonne aux frissons de l’hallucination. Des Enfants du paradis à Huit et demi, des feux de la rampe aux coulisses de Cinecittà, les meilleurs réfléchissent cette fascination, moins pour en dénoncer l’illusion que pour en célébrer la splendeur.

*****
 

BIBLIOGRAPHIE

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Pour lire le premier de ces six textes consacrés au cinéma néoréaliste, il suffit de cliquer ICI